Apnée du sommeil : Philips rappelle ses respirateurs en raison des risques pour la santé
Depuis 7 mois, Philips procède discrètement au rappel de certains appareils pour l’apnée du sommeil défectueux. Mais les associations de malades protestent contre la lenteur de l’opération et pointent du doigt le risque de cancer.
Le 14 juin dernier, le fabricant d’appareils pour le traitement de l’apnée du sommeil Philips, annonçait discrètement sur son site internet qu’il procédait au rappel de plusieurs de ses modèles mis en marché en raison de risques pour la santé liés à l’utilisation de ces dispositifs.
A l’origine du rappel de ces machines, la dégradation de la mousse insonorisante de certains appareils qui dégage des particules chimiques. Cette mousse de polyuréthane à base de Polyester, située dans le passage de l’air de l’appareil, permet de minimiser le bruit produit par l’appareil lors du traitement.
« Les risques potentiels incluent une exposition aux particules de la mousse dégradée, pouvant par exemple être causée par l’utilisation de méthodes de nettoyage/désinfection non approuvées telles que l’ozone, et une exposition aux émissions de composés organiques volatils (C.O.V.) émanant de la mousse. Dans certaines régions, les environnements à forte chaleur et à forte humidité peuvent aussi contribuer à la dégradation de cette mousse », souligne Philips sur son site internet.
SEULEMENT 5% DES MALADES ONT CHANGÉ DE RESPIRATEUR
Mais en dépit de ces risques encourus, ce rappel s’effectue à petite vitesse. Selon les associations de malades qui souffrent d’apnée obstructive du sommeil, seuls 5 % des 370 000 patients français auraient changé de respirateur depuis la mise en place du rappel, faute d’en avoir entendu parler.
C’est le cas d’un homme de 44 ans, qui utilise toutes les nuits l’un de ces appareils pour traiter son apnée du sommeil et qui, alors qu’il venait consulter pour une toux persistante, a appris qu’il était atteint d’un lymphome, un cancer des ganglions. « J’ai appris par hasard qu’il y avait une campagne de rappel de mon appareil et je n’ai reçu aucune lettre ni aucune communication de Philips. Je voudrais savoir pourquoi je n’ai pas été contacté, bien évidemment, je voudrais savoir si la machine est à l’origine de mon cancer« , a-t-il expliqué ce lundi matin sur l’antenne de RMC.
Comme le souligne ce patient de 44 ans, tout comme les autres patients concernés, qui ont créé une page Facebook pour alerter sur ce problème, ils n’ont reçu aucun mail, aucun message ni appel ni de leur pneumologue, de Philips ou du prestataire, alors que Philips « recommande l’arrêt d’utilisation de l’appareil au vu des risques identifiés décrits dans la notification » et précise qu’il est « important de consulter le médecin pour déterminer les options les plus appropriées pour poursuivre le traitement ».
L’ANSM VEUT ACCÉLÉRER LE MOUVEMENT
De son côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a réuni les différentes parties prenantes en début de semaine pour demander d’accélérer la procédure de remplacement des machines. Comme précisé sur son site, la société Philips estime pouvoir être en capacité de fournir 50% du parc des dispositifs concernés à la fin du premier trimestre 2022, 75% à mi-2022 et devrait avoir procédé au remplacement de toutes les machines fin 2022.
En attendant, l’ANSM recommande de ne pas interrompre le traitement. Il n’est pas, non plus, préconisé de mettre en place un filtre. « Des tests préliminaires menés sur banc montrent une diminution de l’efficacité de l’appareil et peuvent entraîner des difficultés respiratoires supplémentaires. De plus, un filtre n’agit pas sur la libération de composés volatiles » souligne l’ANSM.
QUELS SONT LES APPAREILS CONCERNÉS PAR LE RAPPEL ?
En France, ce rappel vise les modèles suivants :
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REMstar Pro, Auto, Expert (DreamStation, PR1 / SystemOne, Q-series)
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BiPAP Auto
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DreamStation Go
Le rappel vise les appareils pression positive à deux niveaux (PAP à deux) fabriqués entre novembre 2009 et avril 2021.
Catherine Cordonnier