Témoignages : le plus dur pendant un cancer, c’est quoi ?
La maladie est derrière elles… mais qu’en retiennent-elles ? Pour Femme Actuelle, sept femmes ont accepté de parler à cœur ouvert des moments difficiles. Pour que celles qui y sont confrontées aujourd’hui se sentent moins seules.
Cécile, 43 ans : “Mon corps, que je ne reconnaissais plus”
“Mon image, la première fois que je me suis vue en maillot de bain avec un sein en moins. Je ne me suis pas reconnue. Impossible de trouver un modèle qui ressemble de près ou de loin au petit 2 pièces triangle que j’arborais chaque été. Tout ce qu’on m’a proposé me semblait austère, triste, un peu vieillot. C’est d’ailleurs cette colère qui m’a poussé à créer Garance Paris, la seule marque française de maillots de bain stylés, à la technicité invisible. Pour que d’autres femmes ne ressentent plus la même tristesse que moi. Pour qu’elles puissent avoir le choix, qu’elles puissent se reconnaître dans le miroir, comme avant.”
Cécile Pasquinelli Vu-Hong est la fondatrice de Garance Paris
Émilie, 41 ans : “Communiquer avec le milieu médical”
“Pendant les soins, un des éléments de stress pour moi a été la difficulté à communiquer de manière claire et transparente avec les membres du corps médical. Leur faire comprendre que ce n’est pas parce que j’avais un cancer que j’étais incapable de réfléchir, et pas non plus parce que je n’avais pas fait 12 ans de médecine que je ne pouvais pas avoir un avis pertinent sur les soins proposés, à partir du moment où ils m’en expliquaient clairement les enjeux. En fait, la vraie difficulté, j’ai trouvé, c’est de sortir d’un rapport où l’on est infantilisé ou réduit à un numéro de dossier, et être accepté comme un individu, et véritable partenaire des médecins. Comme un être doué de raison, de jugement… Car s’ils ont certes la connaissance scientifique de leur côté, on a nous, la connaissance intime de notre parcours de vie, de notre personnalité, de nos besoins, de nos limites… et l’un et l’autre sont essentiels et complémentaires.”
Émilie a créé un blog, dont l’objectif est de dédramatiser et poétiser l’image du corps après une mastectomie grâce à des tatouages. A découvrir ici : emiliemarsollat.wix.com/monoboob
Isabelle, 54 ans : “D’être dépendant des autres”
“De perdre ses cheveux, sa féminité, la peur de mourir. Bref d’avoir le sentiment que son corps ne nous appartient plus. On a le sentiment de ne plus être acteur de sa vie, mais dans une sorte d’antichambre… dépendant des autres !”
Isabelle Sebagh a réalisé un joli spot pour inciter au dépistage du cancer du sein et à donner à l’institut Gustave Roussy
Emma, 40 ans : “L’attente des résultats”
“L’attente des résultats est un moment particulièrement complexe à gérer, car nous imaginons forcément le pire avant de savoir à quel stade/niveau de la maladie nous en sommes. Ensuite, les chimios sont un moment difficile à passer, mais, fort heureusement, pas insurmontable ! Enfin l’après maladie n’est pas évidente à gérer car nous en gardons forcément des traces physiques et psychologiques, or la fatigue accumulée nous rend souvent plus faible et plus vulnérable.”
Carole, 39 ans : “Se reconstruire après les traitements”
“Le plus difficile a été la période de l’après traitements. J’avais besoin de retrouver ma féminité : cela a pris du temps. Il fallait que mes cheveux, mes cils et mes sourcils repoussent et que je perde le poids que j’avais pris pour que je me sente à nouveau bien dans mon corps. Il fallait que je digère ce que j’avais traversé, que je dépasse l’épreuve et me reconstruise pour reprendre le cours d’une vie « normale » et confiance en moi. Je ne parlais pas beaucoup de ce que je vivais à mes proches, heureusement que j’avais un lieu de thérapie. Cela a été un moment très difficile pour mon couple. Cette épreuve a révélé la fragilité de celui-ci. Et nous nous sommes ensuite séparés.”
Carole Louvel est psychopraticienne. Elle propose des thérapies individuelles, de couple et familiales. Infos sur mieuxdansmavie.com
Caroline, 50 ans : “La dégradation physique”
“La dégradation physique incontestablement ! En peu de temps votre corps est transformé, mis à rude épreuve. Sein, cheveux, poils, peau… rien n’est épargné ! Et la reconstruction d’un nouveau corps, pas toujours possible, est très longue.”
Caroline est créatrice de Bibi&Bibi, ligne de lingerie post-cancer.
Angélique, 44 ans : “La peur de mourir”
“Le plus dur est la peur de ne pas s’en sortir, l’opération qui mutile votre corps et ensuite les traitements. Et pour finir l’attente de l’analyse des ganglions sentinelles qui déterminent : chimio ou pas chimio ?”
Angélique est créatrice de la marque de lingerie postopératoire Cœur de Lys.