QUELS SONT LES CANCERS DONT ON GUÉRIT LE MOINS ?
Deuxième cause de mortalité dans le monde et première dans les pays riches, le cancer est encore loin d’être éradiqué. Selon l’organe qu’il touche ou le stade où il est découvert, il peut être plus ou moins difficile à guérir. On fait le point avec le Dr Frédéric Selle, oncologue au sein du Groupe hospitalier Diaconesses Croix-Saint Simon, Paris.
Le cancer est désormais la première cause de mortalité dans les pays riches. C’est ce que révèlent deux enquêtes publiées début septembre dans la revue The Lancet. Cette maladie sournoise touche 17,5 millions de personnes à travers le monde, et fait environ 8,7 millions de décès chaque année, selon la Fondation pour la Recherche Médicale.
En France, l’incidence du cancer est à la baisse chez l’homme, et sa progression ralentit chez la femme. Néanmoins, on estime qu’environ 382 000 nouveaux cas se déclarent chaque année dans l’hexagone. L’année dernière, il a tué 157 400 individus dans le pays.
Heureusement, le cancer se soigne de mieux en mieux. Aussi, même si le nombre de cancers augmente, la mortalité reste stable. Le cancer des testicules, le mélanome ou encore le syndrome de Hodgkin ont des chances de guérison supérieures à 90 % s’ils sont pris en charge assez tôt. Le taux de guérison est de 85 % en moyenne pour le cancer du sein, et de 75 % pour celui de la prostate.
Le cancer du poumon, qui progresse chez les femmes
“Les cancers les plus compliqués à soigner sont ceux qui ont une agressivité par leur nature même”, explique le Dr Frédéric Selle, chef du service d’oncologie au sein du Groupe hospitalier Diaconesses Croix-Saint Simon, Paris. C’est notamment le cas du cancer du poumon, qui donne fréquemment des métastases.
49 109 nouveaux cas ont été estimés en 2017 pour ce cancer, dont l’incidence est à la hausse chez les femmes. Chez l’homme en revanche, son évolution se stabilise.
Selon l’Institut national du cancer, le taux de survie relative à cinq ans pour le cancer du poumon varie en fonction du moment où il est diagnostiqué. Elle est de 47 % pour un diagnostic au stade 1, de 32 % pour le stade 2, de 22 % pour le stade 3 et chute à seulement 5 % pour le stade 4.
Néanmoins, “il est important de dire aux patients qu’ils ne se résument pas à une statistique”, souligne le médecin. S’il faut être honnête, il est aussi essentiel de parler des solutions qui s’offrent à eux, que ce soit pour traiter la maladie comme pour alléger le quotidien
Les cancers du pancréas et de l’estomac ont un pronostic sombre
Les cancers du pancréas et de l’estomac sont respectivement situés au second et au troisième rang des cancers digestifs, en termes d’incidence, selon l’Institut Curie. Leur pronostic est souvent sombre : “on estime leur taux de survie net après 5 ans à 25 % pour le cancer de l’estomac, et 8 % pour le cancer du pancréas”, précise le Dr Selle.
Cancer du pancréas : 8 % de survie à 5 ans
Organe vital, le pancréas se situe dans l’abdomen, derrière l’estomac et tout contre l’intestin. Il participe à la digestion et joue un rôle important dans la régulation du taux de glucose dans le sang. Lorsque ses cellules se multiplient de manière anarchique jusqu’à former une tumeur maligne, on parle d’un cancer.
Ce dernier se caractérise par des douleurs intenses derrière l’estomac ou dans le dos, des troubles de la digestion (perte d’appétit, difficultés à digérer, nausées…) et parfois une jaunisse, accompagnée de démangeaisons.
Cancer de l’estomac : une mauvaise alimentation peut le favoriser
Par ailleurs, 90 % des cancers de l’estomac sont des adénocarcinomes, des tumeurs malignes d’origine glandulaire. Plusieurs facteurs de risque peuvent favoriser cette maladie, comme une gastrite chronique, le tabagisme, des antécédents familiaux ou une mauvaise alimentation.
Ses symptômes les plus fréquents sont des douleurs en haut de l’abdomen, des nausées, des vomissements, une fatigue, une perte d’appétit, des difficultés à avaler, des saignements gastro-intestinaux et une anémie chronique.
La plupart des cancers, à un stade avancé, sont difficiles à guérir
De manière plus générale, “la gravité d’un cancer est souvent liée au stade où il est découvert”, rappelle le Dr Selle. Lorsqu’il s’est métastasé, il est beaucoup plus difficile à guérir. À l’inverse, “même les tumeurs les plus agressives peuvent avoir un pronostic correct si elles sont découvertes très tôt”.
Aussi, quel que soit le cancer, plus il est découvert tard, et donc souvent avancé avec des métastases à distance, plus les chances de survie sont minces. Car “ce n’est pas le cancer qui tue en lui-même, mais les dommages qu’il cause”. Selon l’expert, le cancer peut causer la mort via trois grands types de mécanismes :
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La défaillance d’un organe vital, envahit par des métastases ou par la tumeur primitive.
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Des complications de thrombose, de phlébites ou d’hémorragies, qui sont “très fréquentes”.
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Une cause infectieuse, liée à l’affaiblissement du système immunitaire du patient, à cause de la tumeur. Ce dernier est alors plus fragile aux infections, avec des risques de septicémie.
En outre, l’oncologue rappelle qu’il ne faut pas confondre guérison et rémission. “Une guérison est une rémission complète qui dure dans le temps. La maladie n’est plus perceptible, que ce soit sur le plan clinique, radiologique ou dans le sang”. Cela dit, la guérison ou rémission complète n’exclut pas le risque de rechute
Pauline Capmas-Delarue, journaliste santé, publié le 12/09/2019