Une détection à prendre en mains
On compte en France chaque année environ 1 500 cancers du testicule. Frappant généralement avant 40 ans, cette maladie représente près d’un tiers des cancers de l’homme jeune. Comment le détecter ? Quels sont les symptômes ?
Etudiant, sportif, Patrice ressentait une douleur au niveau des testicules. Soupçonnant une infection, son médecin a limité son traitement à des antibiotiques. Mais face à la persistance des symptômes, un spécialiste – urologue – a finalement diagnostiqué un cancer des testicules à un stade avancé. Ce retard a rendu le traitement beaucoup plus incertain… Pour un dépistage rapide, découvrez l’importance de l’auto examen.
Quand doit-on consulter ?
Près de 90 % des victimes d’un cancer des testicules ont ressenti une sensation douloureuse ou inconfortable et ont constaté une grosseur ou une inflammation. Les symptômes les plus fréquents sont :
- Une petite grosseur non douloureuse près d’un testicule ;
- Une sensation de lourdeur dans le scrotum ;
- Une douleur sourde dans le bas de l’abdomen ou l’aine ;
- Un soudain afflux de sang ou de liquide dans le scrotum.
Dans certains cas, une augmentation du volume des seins peut être constatée. En règle générale, toute grosseur doit amener à consulter rapidement.
L’importance de l’auto examen
Pour éviter de passer à côté d’un dépistage précoce, certains experts recommandent une autopalpation mensuelle, sur le modèle de l’autopalpation pour le cancer du sein. Cet examen doit de préférence être pratiqué après un bain ou une douche chaude, qui permettent un relâchement du scrotum.
- Face à un miroir, vérifiez qu’il n’y a aucune enflure au niveau de la peau ou du scrotum ;
- Utilisez les deux mains pour être plus efficace. Index et majeur sous le testicule, pouce dessus, palpez un testicule puis l’autre. Cette manipulation n’est normalement pas douloureuse. Si l’un des testicules est légèrement plus volumineux que l’autre, pas de problème. En revanche, si la différence de taille est importante, parlez-en à votre médecin ;
- La palpation vous permettra de localiser un petit tube : le canal spermatique, qui sert à recueillir et transporter le sperme. Ne le confondez pas avec une tumeur, qui a plutôt tendance à se développer sur le devant ou les côtés du testicule.
Le problème est souvent découvert lors de la toilette ou au cours d’un examen de fertilité. L’absence de douleur au toucher ou de problèmes urinaires pourraient laisser croire qu’il s’agit d’un problème bénin qui disparaîtra avec le temps, mais mieux vaut prendre l’avis de votre médecin. Attention, toutes les grosseurs ne sont pas des tumeurs, il peut également s’agir d’une inflammation (orchite), d’une accumulation d’eau (hydrocèle) ou d’un paquet de veines dilatées (varicocèle). Ces 3 diagnostics représentent d’ailleurs la majorité des causes d’augmentation du volume testiculaire.
Briser le tabou !
En mars 2002, les autorités galloises ont fait appel au groupe rock Stereophonics pour sensibiliser les jeunes sur l’intérêt de l’auto examen des testicules. Une série de spots publicitaires a même incité les hommes à aller voir leur médecin en cas de doute.
Malgré ces campagnes de sensibilisation, le tabou subsiste, comme en témoigne le cas rapporté dans la prestigieuse revue The Lancet en mai 2002*. Un jeune homme de 17 ans décède quatre jours après un accident de voiture alors que seules de minimes blessures avaient été constatées. Après autopsie, les médecins ont pu déterminer que l’embolie pulmonaire fatale n’avait pas été causée par le choc mais par une tumeur testiculaire probablement présente depuis des mois. La tumeur atteignait 12 cm et avait déjà colonisé d’autres organes (métastases dans le foie et les os notamment).
Alors qu’en cas de détection précoce, le taux de survie est de 90 % , cet exemple souligne l’importance de l’auto examen et la nécessité de consulter rapidement en cas de changement anormaux.