Cancer du poumon : « Le nouveau vaccin réduit de 41 % le risque de décès »
Baptisé Tedopi, ce nouveau traitement permet d’améliorer sensiblement la survie des patients. Mais attention aux effets d’annonce ! Ce vaccin concerne seulement une partie des cancers du poumon. Il doit encore faire l’objet d’un essai avant d’envisager une autorisation de mise sur le marché, qui, si tout se passe bien, devrait survenir en 2027.
Quels sont les bénéfices de ce nouveau vaccin thérapeutique ?
Professeur Benjamin Besse : Il permet une réduction du risque de décès de 41 %. Dit autrement, 44 % des patients qui ont reçu le vaccin Tedopi ont survécu au bout d’un an, contre 27 % pour ceux qui ont reçu une chimiothérapie. Une autre façon d’interpréter les résultats consiste à dire que la moitié des patients vaccinés sont toujours vivants au bout de 11,1 mois contre 7,5 mois pour ceux qui ont eu la chimiothérapie.
Tous les cancers du poumon sont concernés ?
Non. Il s’agit de cancers métastatiques du poumon, c’est-à-dire des cancers avancés. Par ailleurs, le vaccin est administré après une chimiothérapie et une immunothérapie. Seuls les patients ayant bien répondu à l’immunothérapie auront aussi un bénéfice. Enfin, le vaccin n’est efficace que chez les personnes ayant un système immunitaire dit de type HLA A2 positif, ce qui représente environ 45 % de la population. Au total, environ 100 000 personnes par an dans le monde pourraient en bénéficier
Que contient le vaccin ?
Il rassemble neuf fragments de protéines qui représentent cinq protéines très fréquemment exprimées par les cellules tumorales. Cela couvre quasiment tous les cancers du poumon. En injectant ces neuf fragments, le but est d’éduquer le système immunitaire du patient, c’est-à-dire lui apprendre à reconnaître les cellules cancéreuses pour qu’il puisse les détruire.
Il faut s’attendre dans les cinq prochaines années à une saine compétition autour de ces nouveaux vaccins thérapeutiques dans le domaine de l’oncologie
Est-ce qu’il y a des effets secondaires ?
Ils se limitent à un syndrome grippal et une douleur au point d’injection. Il n’y a donc pas d’effets secondaires graves à la différence de la chimiothérapie qui, elle, peut produire une chute des cheveux, une baisse des globules blancs – ce qui augmente le risque d’infection –, une neuropathie des membres – c’est-à-dire des picotements dans les pieds et les mains –, mais aussi des nausées, des vomissements, des anomalies des ongles, etc. D’ailleurs, nous avons pu voir que les patients qui ont été vaccinés avaient une meilleure réponse aux traitements suivants, comme une chimiothérapie. Probablement parce qu’ils avaient moins d’effets secondaires avec le vaccin. Ils étaient en meilleure forme et répondaient donc mieux à une nouvelle ligne de traitement.
Dans combien de temps ce vaccin thérapeutique sera commercialisé ?
Si tout se passe bien, il pourrait recevoir une autorisation de mise sur le marché en 2027. Cela prend un peu de temps, car nous allons refaire les tests pour confirmer nos résultats. Nous avons dû interrompre l’essai clinique en cours de route à cause de la vaccination contre la Covid, qui risquait de produire un biais énorme. En attendant la mise sur le marché, il est toujours possible d’avoir un accès compassionnel pour des patients qui ne sont pas inclus dans l’essai clinique, mais dont la situation correspond aux critères retenus pour ce traitement : des personnes avec un cancer du poumon avancé, avec un système immunitaire de type HLA A2 positif et ayant déjà reçu une chimiothérapie et une immunothérapie.
Est-ce que d’autres vaccins sont en cours de développement afin de traiter plus de malades et de types de cancer ?
Plusieurs compagnies développent actuellement d’autres vaccins thérapeutiques comparables ou utilisant l’ARN, notamment pour couvrir le cas de malades ayant un système immunitaire de type HLA A2 négatif. Nous avons aussi terminé un essai sur le cancer du pancréas et dont les résultats seront dévoilés l’année prochaine. Deux autres essais sont en cours sur le cancer du poumon et celui de l’ovaire. Il faut donc s’attendre dans les cinq prochaines années à une saine compétition autour de ces nouveaux vaccins thérapeutiques dans le domaine de l’oncologie.