On sait aujourd’hui qu’une modification génétique suffit rarement, à elle seule, à provoquer le développement d’un cancer. Il semble que, le plus souvent, une cellule ne devienne cancéreuse qu’à la suite d’un processus au cours duquel plusieurs gènes, parfois en nombre important, sont modifiés. A cela s’ajoute l’impact des facteurs environnementaux, qu’ils soient évitables ou non. C’est pour cette raison qu’on ne peut pas prévenir tous les cancers.
La génomique consiste à étudier des gènes grâce à l’analyse de leurs constituants chimiques. Dans le sillage du projet Génome Humain, de nombreuses techniques ont été mises au point pour décoder la séquence d’ADN présente dans le noyau de chacune des cellules du corps humain. Grâce à ces outils, de moins en moins coûteux et désormais disponibles dans de nombreux laboratoires, les chercheurs peuvent étudier de plus en plus finement les variations de l’ADN et comprendre les mécanismes conduisant au développement d’un cancer.
VERS UNE MÉDECINE « DE PRÉCISION
Les progrès de la recherche permettent, depuis quelques années, de développer de nouveaux médicaments appelés thérapies ciblées. Ces thérapies visent à bloquer la croissance ou la propagation d’une tumeur précise, tout en préservant au maximum les cellules saines environnantes. Elles peuvent être utilisées seules ou en association avec d’autres traitements anticancéreux.
Aujourd’hui, ces traitements sont utilisés dans certains cancers du sein et du poumon, ainsi que dans le cancer colorectal, le mélanome et dans certaines leucémies et cancers rares. L’exemple le plus emblématique est celui de l’imatinib (Glivec), utilisé notamment dans la leucémie myéloïde chronique, qui a permis d’augmenter le taux de survie à cinq ans de façon spectaculaire.
Les thérapies ciblées agissent :
sur la fabrication de nouveaux vaisseaux sanguins, nécessaires aux tumeurs pour se nourrir ; on appelle ces médicaments des « anti-angiogéniques » ;
sur une anomalie génétique connue dans certains types définis de tumeur, qui stimule la division des cellules et, de ce fait, le développement de la tumeur.
Ces traitements ouvrent la voie à une médecine dite « de précision » : de plus en plus personnalisée et adaptée au patient et aux caractéristiques de sa tumeur. Des essais cliniques d’un nouveau genre visent ainsi à traiter les cancers non plus en fonction de l’organe touché mais en fonction des spécificités biologiques et génétiques des tumeurs.
Pour savoir si une tumeur peut faire l’objet d’un traitement par une thérapie ciblée, l’Institut finance des plateformes de génétique moléculaire, qui réalisent des tests moléculaires innovants et accessibles à tous les malades. Parmi la soixantaine de tests actuellement disponibles, 15 déterminent l’accès à une thérapie ciblée.
La recherche sur les thérapies ciblées s’est accélérée ces dernières années, notamment grâce à une collaboration de plus en plus étroite entre les chercheurs fondamentalistes, qui travaillent en laboratoire, et les cliniciens, qui sont au contact du patient. C’est ce qu’on appelle la recherche translationnelle, ou « de transfert ».
DES TECHNOLOGIES DE PLUS EN PLUS POINTUES
D’autres disciplines scientifiques, toujours plus pointues, s’allient aujourd’hui à la biologie dans la lutte contre les cancers. La panoplie de ces nouvelles armes ne cesse de s’élargir et de s’enrichir. Les chercheurs vont aujourd’hui puiser de nouvelles ressources dans les domaines des sciences physiques, mathématiques, informatiques ou optiques. Ces technologies contribuent au développement de nouvelles stratégies de diagnostic et de traitement.
Parmi les avancées les plus remarquables, le développement de l’imagerie numérique a permis de nombreux progrès en matière de diagnostic et de suivi des tumeurs. Elle se base sur les qualités magnétiques d’un des constituants du corps humain : le proton hydrogène. Ainsi, l’IRM fonctionnelle, qu’on appelle aussi « imagerie dynamique », permet de suivre en temps réel un traceur injecté dans le corps pour détecter d’éventuelles anomalies. En matière de traitements, les malades peuvent bénéficier, par exemple, d’une chirurgie assistée par imagerie numérique, qui est plus fine et moins invasive.
D’autres procédés d’examen ont été mis au point :
la scintigraphie permet de suivre, dans l’organisme, un produit spécial, généralement à base d’iode faiblement radioactif (sans danger pour la santé), qui émet des rayons gamma et se fixe sur les os. Cette technique est utilisée pour savoir jusqu’où s’étend un cancer, en particulier du sein ou de la prostate, et pour surveiller son évolution ;
la tomographie permet d’obtenir un cliché en coupe horizontale, verticale ou oblique d’un organe, en vue d’avoir une vision plus détaillée de l’intérieur de cet organe et de détecter la présence de petites métastases. La technique à positons (dite PET) utilise des positons comme source d’énergie. D’autres tomographes utilisent les rayons X.