La dénutrition, c’est quoi ?
Pour mieux comprendre le lien entre cancer et dénutrition, la Ligue vous propose de vous éclairer par le biais d’une experte, Annaëlle Reiser, chargée de mission actions pour les personnes malades et les proches au comité départemental du Nord, et diététicienne.
1) Quel est le lien entre alimentation et dénutrition ?
A.R. : La dénutrition apparait lorsque les apports alPourimentaires ne couvrent pas les besoins de l’organisme. Le corps n’a plus assez d’énergie et va donc aller en chercher dans les muscles et le tissu gras pour continuer à bien fonctionner. Cela va donc entrainer une perte de poids qui amènera à une dénutrition.
Dans le cas d’un patient atteint de cancer, la dénutrition peut être causée par une augmentation des dépenses énergétiques due aux perturbations du fonctionnement des cellules et à l’inflammation causée par la tumeur.
Elle peut également venir d’une baisse des apports alimentaires causée par une perte d’appétit liée aux différents effets secondaires des traitements.
2) Quels sont les impacts de la dénutrition sur les personnes atteintes de cancer ?
A.R. : Un patient atteint de cancer dénutri est susceptible de moins bien supporter les traitements : la réponse peut être moindre et la dénutrition peut gêner ou empêcher le protocole de soin.
Le patient a donc un risque de mortalité plus important qu’un patient qui ne l’est pas et sa qualité de vie est altérée.
3) Quels sont les premiers signes qui doivent m’alerter ?
A.R. : Les deux signaux qui doivent alerter un patient ou un proche sont la perte de poids et/ou la perte d’appétit.
Un patient peut avoir plusieurs effets secondaires liés aux traitements qui sont susceptibles d’avoir une incidence directe sur son poids et sur la perte d’appétit (inflammation de la bouche, nausées, troubles du transit, perte de goût, etc.). Il est important qu’il surveille son poids régulièrement, d’autant plus s’il observe une perte d’appétit.
Un proche peut également être alerté s’il constate un amaigrissement chez la personne qu’il accompagne, une baisse d’énergie, s’il commence à manger moins que d’habitude, etc.
Il est conseillé de surveiller son poids tous les 2-3 jours en utilisant la même balance, au même endroit de la pièce, au même moment de la journée (à jeun, non habillé, etc.). Il ne faut pas hésiter à noter son poids en début de traitement et ensuite une fois par semaine pour avoir un repère concernant la perte de poids.
En effet, une perte de poids supérieure ou égale à 5 % du poids habituel en 1 mois ou supérieure à 10 % en 6 mois est considérée comme anormale. Il s’agit généralement d’une perte musculaire, les personnes en surcharge pondérale sont donc aussi concernées. Il est donc important de consulter un professionnel de santé et en parler à son oncologue.
4) Au sein de la Ligue, quelles sont les principaux leviers d’accompagnement ?
A.R. : La Ligue accompagne les patients et les proches avec divers soins de support dont l’accompagnement diététique. Les patients ont donc la possibilité d’avoir un rendez-vous avec une diététicienne afin d’obtenir des conseils personnalisés sur les différents effets secondaires des traitements. Elle pourra donner des astuces simples à mettre en place au quotidien pour les soulager : fractionner l’alimentation, faire de petites portions, consommer des aliments riches en calories, etc.
Dès lors qu’une diminution de l’appétit ou perte de poids est observée, elle donnera des conseils afin d’enrichir son alimentation. Enrichir son alimentation consiste à augmenter l’apport énergétique et/ou protéique des repas sans augmenter le volume (ajouter du fromage, du jaune d’œuf, du jambon, de la crème fraiche, etc.). Il s’agit d’un bon moyen pour éviter une dénutrition ou pallier à une dénutrition modérée déjà installée.
Il est important de se faire plaisir !
Annaëlle Reiser,