Cancer : sept idées fausses dont il faut se défaire
Cancer : sept idées fausses dont il faut se défaire
Chaque année, près de 400 000 personnes sont diagnostiquées d’un cancer en France et près de la moitié en décèdent. Des chiffres inquiétants qui donnent lieu à de nombreux préjugés. Le tri sur ces fausses rumeurs avec le Dr Mastroianni, à l’aube de la journée mondiale contre le cancer le 4 février prochain.
Le cancer est une maladie qui effraie ceux qui en sont atteints, mais aussi ceux qui n’en souffrent pas encore. En cause, de nombreuses idées reçues concernant la maladie elle-même, ses facteurs de risque et la multiplication des sources cancérigènes dans notre société.
Coup de loupe sur les sept idées fausses les plus répandues avec le Dr Bénédicte Mastroianni, pneumo-cancérologue et médecin de soins de supports et de soins palliatifs au Centre Léon Bérard.
Se terrer chez soi pour éviter la pollution n’a pas de sens. Il est prouvé que l’air intérieur des habitations est encore plus pollué que l’air extérieur. La qualité de l’air intérieur constitue ainsi une préoccupation de santé publique. On estime qu’une personne passe en moyenne 85 % de son temps dans des environnements clos, exposée à de multiples polluants : fumée de tabac, émissions de chauffages, de matériaux d’isolation, de produits d’entretien et de bricolage, de désodorisants ou encore de pesticides domestiques.
Il faut donc penser à bien aérer son intérieur pour éviter l’accumulation des rejets nocifs pour la santé.
La pollution augmente et le nombre de cancers avec. FAUX !
Contrairement aux apparences, l’air est moins pollué qu’il y a vingt ans. Le progrès technologiques, l’évolution des pratiques et la fermeture de certains sites ont notamment permis la baisse des rejets industriels. À l’inverse, les connaissances face aux risques pour la santé et la planète ont augmenté. La prise de conscience est réelle et se traduit, sur le plan médiatique et préventif, par le développement d’une pédagogie.
Pour autant, l’air que nous respirons n’est pas toujours de bonne qualité. En particulier dans les zones fortement urbanisées et dans certaines vallées de montagne. La pollution de l’air est ainsi responsable de plus de 250 000 décès dans le monde chaque année. Les principaux polluants (métaux lourds, particules fines, CO2….) sont responsables de certains cancers, notamment ceux qui touchent les voies respiratoires.
Le lien entre la pollution de l’air et le cancer du poumon par exemple, est bien établi : 6 à 11 % des décès par ce cancer seraient attribuables à l’exposition chronique aux particules fines, 5 à 10 % seraient dus au radon issu des irradiations naturelles des sols granitiques d’habitations.
En revanche, l’impact des polluants de l’air sur la survenue d’autres cancers (vessie, VADS, hémopathies malignes, etc.) reste à préciser. Le benzène (liquide incolore et inflammable extrait de goudrons et utilisé dans des industries du pétrole, encres, peintures, colles…) est par exemple fortement associé à certaines leucémies.
L’alcool n’a pas de lien avec le cancer. FAUX !
La consommation d’alcool est la seconde cause de cancers évitables chez l’homme, après le tabac. Selon le centre international de recherches (CIRC), basé à Lyon, le lien avec l’absorption d’alcool est avéré pour les cancers de la bouche, du pharynx, de l’œsophage, du foie, du côlon, du rectum et celui du sein chez la femme.
Ce risque est largement sous estimé dans la population française. Pourtant, même à faible dose, l’alcool augmente le risque de cancer. Par exemple, on estime que pour le cancer du sein, le risque augmente dès une consommation de moins d’un verre par jour.
Fumer ne provoque que le cancer des poumons. FAUX !
Le tabagisme est la principale cause de cancer à l’échelle mondiale. Outre le cancer des poumons, il est également l’un des premiers facteurs de risques de nombreux autres cancers comme celui de la vessie. Il existe également un lien entre le tabagisme actif et les cancers ORL mais celui-ci est difficile à apprécier. Le tabac est également en cause dans le développement d’autres maladies cancéreuses : col de l’utérus, colon, foie, pancréas, œsophage, estomac…
Le consommation de tabac est par ailleurs responsable d’autres pathologies respiratoires (principalement les broncho-pneumopathies chroniques obstructives BPCO) et cardio-vasculaires. L’exposition à la fumée de cigarette dans l’environnement (tabagisme passif) est aussi un cancérogène avéré.
Le jeûne aide à lutter contre le cancer. FAUX !
Depuis la publication, en 2012, d’une étude expérimentale évaluant chez la souris l’effet du jeûne sur des tumeurs cancéreuses, de nombreuses personnes pensent que cette pratique est efficace. À ce jour, il n’existe pas d’étude réalisée chez l’homme sur les bienfaits du jeûne dans le cadre d’un cancer.
En revanche, on sait que l’organisme puise son énergie dans les nutriments présents dans ce que l’on mange. Une alimentation saine, équilibrée et riche en nutriments (fruits, légumes, bonnes protéines…) est donc essentielle pour la bonne marche du corps, en particulier dans le cadre d’une maladie. De plus, le traitement du cancer par chimiothérapie peut engendrer une perte de poids. Il est donc fortement recommandé aux patients de maintenir un poids optimal pendant la maladie et les traitements. Cela passe notamment par l’activité physique et une alimentation diversifiée. En effet, la dénutrition peut engendrer de graves complications, altérer l’état général et perturber la thérapie.
Il faut éviter le sport en cas de cancer. FAUX !
Bien au contraire, une activité physique adaptée est recommandée dans le cadre d’un cancer. Elle permet notamment une réduction de la fatigue, une amélioration globale de la qualité de vie et de la tolérance des traitements et de leurs effets à moyen et long terme. Pour certains cancers, l’activité physique permet même un allongement de l’espérance de vie et une réduction du risque de récidive (pour le cancer du sein notamment).
Les médecins recommandent de la pratiquer dès le début des traitements et la maintenir dans la durée. Le fait de bouger possède également de nombreux bénéfices sur le bien-être du patient et permet de réduire l’anxiété, le stress ainsi que les troubles du sommeil. « Quelque soit le cancer et sa localisation, pratiquer une activité physique adaptée favorise l’état de santé du patient », explique le Dr Mastroianni.
Enfin, une pratique de faible niveau constitue toujours un acquis par rapport à l’état sédentaire.
Pas de cancer lié à une activité professionnelle plus de 10 ans après. FAUX !
En France, 2 millions de salariés sont exposés à des substances cancérogènes dans le cadre de leur travail. On estime que 5% de la totalité des cancers ont une origine professionnelle. Ce chiffre peut aller jusqu’à 20% pour les cancers des poumons. Contrairement aux idées préconçues, le délai entre l’exposition à ces substances cancérogènes et l’apparition de la maladie professionnelle peut aller jusqu’à 40 ans selon le type de cancer.