Cancer : pourquoi certaines leucémie touchent les très jeunes enfants ?
Parmi les cancers pédiatriques, certaines leucémies affectent uniquement les nourrissons. Des chercheurs de l’Inserm sont parvenus à déterminer pourquoi. Une découverte qui ouvre la voie à une piste thérapeutique prometteuse contre des maladies de mauvais pronostic.
Chaque année, parmi les 2 500 cancers pédiatriques diagnostiqués en France, un tiers sont des leucémies. Et dans ces cancers du sang diagnostiqués chez les enfants et les adolescents, 15% sont des leucémies aiguës myéloïdes (LAM). Dans cette sous-catégorie, la leucémie aiguë mégacaryoblastique (LAM7) représente une des plus agressives. A son mauvais pronostic s’ajoute la caractéristique de ne s’attaquer qu’aux enfants de moins de 2 ans. Pour comprendre le mécanisme de ce cancer et tenter de le combattre, l’équipe Inserm de Thomas Mercher* a poursuivi un travail commencé il y a 7 ans.
Une altération génétique spécifique aux cellules fœtales
En 2012, les scientifiques avaient déjà analysé les échantillons de jeunes patients atteints de LAM7. A cette date, ils avaient constaté « des altérations génétiques conduisant à l’expression d’une protéine anormale ». Ce mécanisme est identifié dans 30% des LAM7. Néanmoins, les chercheurs n’étaient pas parvenus à expliquer cette anomalie.
Cette fois, ils ont développé un modèle murin permettant d’étudier l’anomalie pré-citée. Grâce à cette méthode, ils sont parvenus à montrer que l’anomalie était « suffisante pour induire rapidement des leucémies agressives, si elle est activée dans des cellules hématopoïétiques du fœtus. En revanche, son activation dans des cellules adultes est faiblement associée au développement de leucémie. » Ce qui explique la survenue de ces cancers chez le très jeune enfant, car « les cellules fœtales présentent des propriétés différentes par rapport aux cellules adultes ».
Autre constat : « lorsque l’anomalie est bloquée dans le modèle in vivo, la prolifération tumorale est stoppée ». Ce qui ouvre la voie à une approche thérapeutique nouvelle. A suivre.
*directeur de recherche de l’équipe « Génétique et modélisation des leucémies de l’enfant » au sein de l’unité 1170 « Hématopoïèse normale et pathologique » (Inserm/Gustave Roussy/Université Paris-Sud-Paris Saclay)
A noter : La survie globale demeure autour de 60% à cinq ans et la rechute est la cause la plus fréquente de décès.
Source : Inserm, 30 octobre 2019